Le monorail à suspension de Romanov - Juin 1900 (Wikipedia) |
En feuilletant l'année 1900 des suppléments de "La Mode Illustrée", je suis tombée sur les "causeries scientifiques" de Fulbert Dumonteil, écrivain et choniqueur gastronomique dans diverses revues. Quelqu'un d'à priori sérieux et pourtant, l'homme se permet certaines approximations quand il écrit dans ce supplément réservé à la famille et à la femme, plus précisément. En réalité, ses articles relèvent davantage de la causerie que de la science... L'homme est avant tout un écrivain, doté d'une imagination foisonnante et d'un certain sens de l'originalité. Editorialiste ou chroniqueur, Fulbert Dumonteil n'est pas vraiment journaliste au sens il tord (sans doute involontairement) la réalité des faits. Ou il est vraiment très mauvais en math!
"Et de tous les pays, il nous arrive de nouveaux systèmes de locomotion fantastique accaparant l'espace et supprimant le temps, si bien qu'au lieu de partir, on arrive, on est arrivé." Le rédacteur fait ensuite mention d'une expérience menée en Russie, en présence de l'impératrice Maria Feodorovna. Un "nouveau système de chemin électrique à suspension" conçu par deux ingénieurs russes (Romanoff et Popoff) était à l'essai. Les déraillements deviennent dès lors impossibles, pointe l'auteur, et cette technologie permet d'atteindre les "200 verstes à l'heure". Le verste est une ancienne mesure de longueur qui d'usage en Russie. C'était l'équivalent de 1.066,8 mètres. 200 vestres à l'heure, c'est donc 213,36 km/heure! Fulbert Dumonteil calcule par conséquent que ce procédé permettrait de relier Marseilles à Paris en moins de 4 heures!
Ce qui est inouï, étant donné que c'est le temps qu'il faut actuellement pour couvrir cette distance (3 heures et demie). L'opération relève donc de la science-fiction, à l'époque. Et cependant, pendant ce temps, le Belge Camille Jenatzy a déjà dépassé les 100 km/h avec un véhicule électrique en forme d'obus. La Jamais Contente est née et elle est le véhicule électrique terrestre le plus rapide, en 1899. Songer qu'un monorail puisse doubler la vitesse sur l'apparente frêle structure immortalisée par une photographie d'époque, frôle le grotesque.
J'ai mis le doigt sur une étude accessible dans son intégralité en PDF, "Les Chemins de Fer Monorails" de Pierre Oehrli, publiée en 2013 par Le Rail Lausanne. Les explications sont ici beaucoup plus claires. A la requête de l'impératrice Maria Fedorovna, Ippolit Romanov fabrique un monorail à Gatchina, sur un circuit de 200 mètres. Un prototype avait déjà été réalisé en 1897, un modèle avait, en effet, été présenté devant la Société Technologique de Russie. En 1900, les premiers passagers grimpent dans l'engin qui circule à l'étourdissante vitesse de... 15km/h. Oui, vous avez bien lu: 15 km/h! A épingler tout de même que Wikipedia fait mention de cette expérience aussi mais que les détails sont un peu différents. Le monorail aurait été testé le 25 juin 1900, à 15 km/h mais ne pouvait embarquer qu'un poids de 25 kilos. Or, les photos prouvent que plusieurs hommes ont pris place dans la cabine...
Marseilles - Paris en moins de 4 heures, en 1900?
Ippolit Romanov (http://www.skyscrapercity.com/showthread.php?p=112594278) |
"Et de tous les pays, il nous arrive de nouveaux systèmes de locomotion fantastique accaparant l'espace et supprimant le temps, si bien qu'au lieu de partir, on arrive, on est arrivé." Le rédacteur fait ensuite mention d'une expérience menée en Russie, en présence de l'impératrice Maria Feodorovna. Un "nouveau système de chemin électrique à suspension" conçu par deux ingénieurs russes (Romanoff et Popoff) était à l'essai. Les déraillements deviennent dès lors impossibles, pointe l'auteur, et cette technologie permet d'atteindre les "200 verstes à l'heure". Le verste est une ancienne mesure de longueur qui d'usage en Russie. C'était l'équivalent de 1.066,8 mètres. 200 vestres à l'heure, c'est donc 213,36 km/heure! Fulbert Dumonteil calcule par conséquent que ce procédé permettrait de relier Marseilles à Paris en moins de 4 heures!
Ce qui est inouï, étant donné que c'est le temps qu'il faut actuellement pour couvrir cette distance (3 heures et demie). L'opération relève donc de la science-fiction, à l'époque. Et cependant, pendant ce temps, le Belge Camille Jenatzy a déjà dépassé les 100 km/h avec un véhicule électrique en forme d'obus. La Jamais Contente est née et elle est le véhicule électrique terrestre le plus rapide, en 1899. Songer qu'un monorail puisse doubler la vitesse sur l'apparente frêle structure immortalisée par une photographie d'époque, frôle le grotesque.
Juillet 1900 à Gatchina (http://www.skyscrapercity.com) |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire