samedi 11 février 2012

Les années baba cool plus tôt que prévues?

Le mouvement "New Age" n'est pas né dans les années 60, en Californie, dans le sillage du Flower Power. En 1940, un certain Jean Léonard écrivait déjà des livres bourrés de concepts très new age. Comme "L'optimisme au quotidien ou (prospérité)", sous-titré "La dose quotidienne d'optimisme, d'encouragement et de réconfort pour ceux qui luttent et qui pleurent !". Tout un programme.

Empreints de naïveté, les mots sont toutefois bien choisis et les bouffées d'enthousiasme expédiées à l'adresse du lecteur ont presque des accents de sincérité. L'ouvrage est jalonné de belles phrases, comme autant de fleurs qui balisent un sentier. Et pourtant, je ne peux m'empêcher de songer que ce beau parleur écrit cela alors que la seconde guerre mondiale est en train d'exploser (le livre a été imprimé le 5 mai 1940). À croire que l'auteur est demeuré confiné chez lui, sans TSF, sans journaux, ni boule de cristal.

Il décrit sa foi inébranlable en l'Avenir, un avenir merveilleux, voué au progrès et au bien-être. "Les usines où des milliers d'ouvriers travaillent ensemble, ne seront plus des ruches où grouillent les activités et les bruits. Elles seront des locaux spacieux, aérés, ensoleillés, où le travail s'accomplira dans la joie, l'hygiène, la paix, le silence. Un ouvrier respirera comme un directeur d'usine."

Ppppppffff... Ce n'est pas tout : "Bien sûr ! Tout cela ne se produira pas en quelques semaines mais la réalisation de ces bienfaits pourrait se voir confirmée entre 1940 et 1945." En plein dans le mille ! "Beaucoup de lecteurs se souviennent qu'il n'y a pas si longtemps que les marchés publics comptaient encore des arracheurs de dents. L'art dentaire est devenu une profession désormais honorable, et fort utile. Il en sera de même de la chirologie et de l'Astrologie, l'une et l'autre exploitées comme amusement public sur toutes les foires, mais qui ne sont pas moins des sciences formellement exactes, aussi sérieuses que la chimie, la médecine et l'astronomie." Faut-il en rire ou en pleurer ? "Et 1945 vous apparaîtra une année immortelle. Vous verrez le chemin parcouru depuis 1940. Ces cinq années de progrès constant vous apparaîtront comme un ciel sans nuage." Euh oui, c'est çaaaaaaa.... ©

samedi 4 février 2012

J'achète tout au Bon Marché

Vous souvenez-vous des magasins "Le Bon Marché". Je me souviens de celui de Bruxelles dans la rue Neuve, non loin de la "Maison Bleue" où l'on vendait des disques qu'on pouvait préalablement écouter sur une platine personnelle, en s'asseyant dans un siège confortable.

Je parle de ça parce que je suis tombée sur un marque-pages attaché à l'édition 1936 de la "Belgique mondaine"... L'enseigne avait été créée en 1845, en Belgique. Je crois savoir que ma grand-mère y avait travaillé en tant que vendeuse de chapeaux, à moins qu'il ne s'agisse de gants... J'ai également le souvenir du "Bon Marché" en face de la place Rogier, dans le quartier du Nord. Sans doute avait-il été relocalisé après l'installation de l'Innovation dans la rue Neuve...

J'ai trouvé ça joli, très "art déco" et plein de nostalgie. Tout simplement.©

dimanche 29 janvier 2012

Spirou, champion de la bonne humeur

Je pensais ouvrir un journal "Spirou" de 1966. C'est du moins ce que la couverture de cet 101e volume laissait supposer. Il y avait encore mieux à l'intérieur. Dans un état un peu pitoyable certes mais tout à fait consultable, un album partiel "Spirou" des mois d'avril, mai et juin 1948.

A l'époque, le magazine est prioritairement destiné aux garçons. Les thèmes exploités sont, de fait masculins : aviation, sports, etc. Les bandes dessinées et les feuilletons visent à plaire aux gamins : Valhardin & Jacquot, Spirou, Blondin et Cirage, Tarzan, l'Épervier bleu, Buck Danny, les Aventures de Sam, Jo Lumière, Red Ryder,... ©

Extraits dégoulinant de naïveté

jeudi 26 janvier 2012

My English book is rich ou l'enseignement de l'anglais en 1913

Et voici un petit bijou d'enseignement venu tout droit de 1913 : "First steps in English".This is indeed a little marvel : c'est bouquin franchement bien conçu, ludique et émaillé de jolies gravures. Moi qui m'imaginais que l'enseignement devait être ennuyeux et austère à cette époque...

J'imaginais les interminables navettes de ma grand-mère sous le vent, la pluie ou la neige, les punitions humiliantes et les coups de règle sur les phalanges des élèves désobéissants... Et voici que je me trouve face à un manuel gorgé de charme désuet, attractif, amusant, bourré d'humour, de chansons et de dessins. A des milliers de miles de l'incontournable "My tailor is rich". Aurions-nous aujourd'hui perdu le sens du beau ? ©

lundi 23 janvier 2012

De mon temps, on avait des manières!

Édité en 1943, ce "manuel de politesse et de savoir-vivre à l'usage des familles et des établissements d'instruction" a été pensé par le directeur général au ministère de l'Instruction publique en personne. Une fois de plus, je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous quelques extraits choisis. 

Page 16 : "Dans la vie courante, on dira d'un bossu, qu'il a le dos rond; d'un sourd, qu'il a l'ouïe dure; d'une rousse, qu'elle a les cheveux d'un blond ardent." Faut-il en déduire qu'être rousse, c'est être affublé d'un handicap physique ?

Page 67 : "Les enfants au salon -  Ne les admettez jamais dans votre salon à vos jours de réception, à moins que vos invités n'en expriment le désir formel. Les petites filles embrassent les amies de leur mère; les petits garçons leur baisent la main. Après avoir salué les personnes présentes, ils s'en vont." Les gosses au placard !

Page 142 : "Usage de la cuiller - La cuiller se manie de la main droite. On en prend le bout du manche entre le pouce et l'index, de manière qu'elle s'appuie que les autres doigts. On ne remplit la cuiller qu'à moitié, afin de ne pas répandre de liquide, et on la porte prudemment à la bouche, sans que chaque fois la tête se penche vers l'assiette. Les Anglais la présentent aux lèvres non par le bout, mais par le côté du cuilleron. Chez nous, la partie antérieure s'en introduit dans la bouche, jusqu'à un peu plus de la moitié de sa longueur; on en déverse le contenu, en levant le bout du manche. Il est inconvenant de déguster bruyamment son potage et de écher la cuiller après usage."  Un morceau d'anthologie, assurément. À croire que les gens de cette époque ignoraient tout de l'usage des ustensiles de cuisine...

Page 246 : "Le deuil des domestiques - Dans la maison, les domestiques portent le deuil aussi longtemps que leurs maîtres; les habits de deuil sont naturellement fournis par ceux-ci."  Naturellement, ma chère. 

Page 252 : "Présents aux enfants - Aux enfants, on n'offre pas de cadeaux de prix. Les plus jeunes doivent se montrer satisfaits avec un sachet de bonbons. S'ils rechignent, ils prouvent par là qu'ils sont gâtés. Que pourra-t-on leur offrir, lorsqu'ils auront atteint l'âge de quatorze ou de quinze ans ?" Quoi ? Pas de consoles de jeux ? Pas d'ordinateur dans la chambre ?  Sombre époque. ©