Mahatma Gandhi a déclaré que la grandeur d'une civilisation se jaugeait à la façon dont les animaux étaient traités. La citation demeure on ne peut plus actuelle, même si les photos qui illustrent cet article proviennent de la revue "Je Sais Tout" de 1906. Des photos des fils Trump exhibant fièrement leurs trophées de chasse en Afrique aux scandales des abattoirs en France, le respect de la condition animale est encore loin d'être une évidence dans nos sociétés.
Au début du XXe siècle, le bien-être animal relevait de la farce (au propre comme au figuré). En Belgique, il faut attendre 1929 pour que les actes de cruauté envers les animaux soient sanctionnés mais c'est seulement en 1986, qu'une loi relative au bien-être et à la protection de l'animal soit entérinée. En 2015, la France finit par considérer que les animaux sont des "êtres vivants doués de sensibilité". Ce qui en soi n'est pas la panacée, puisque les animaux peuvent toujours être vendus et exploités. De plus, ça ne remet pas en cause nos traditions comme la corrida, la chasse à courre, l'abattage rituel, etc. Mais en 1906, il en allait tout autrement.
L'animal était un objet comme les autres, une chose sans âme, sans sensibilité qu'on pouvait traiter avec toute l'inhumanité dont l'homme peut souvent faire preuve. L'horreur atteint des sommets lorsqu'on lit la légende de ce cliché avec cet homme posant entre la carcasse d'un éléphant et un éléphanteau, la trompe entortillée dans le fusil du colonial. "Le petit éléphant est, dit-on, le plus intelligent des animaux. Pourtant, son instinct ne l'avertit guère que le fusil qu'il entoure de sa trompe a servi à tuer sa mère dont il flaire le crâne, sans comprendre." Sans comprendre? Le cynisme de l'auteur de ces quelques lignes était probablement moins grand que son ignorance.
Pendant ce temps, dans les abattoirs, on enregistrait des progrès, paraît-il, puisqu'en Allemagne, on adoptait le coup de feu contre les fronts du bétail, en place et lieu du... marteau. Et dans un musée, au début du XXe, on pouvait découvrir le corps d'une jeune Botokudine (qui provenait apparemment d'un groupe ethnique du Brésil). Celle-ci devait vraisemblablement avoir été capturée au XIXe siècle. En 1841, elle arrive à Londres, où elle a dû sans doute être considérée comme un phénomène de foire, mais ne survit que quelques mois. Comble de l'atrocité: son corps est plongé dans l'alcool et aurait été à l'époque tenu dans un état de parfaite conservation. La même année, le Zoo du Bronx enfermait un Africain dans la cage aux singes...
En 1834, Silvio Pellico écrivait: "Pour aimer l'humanité, il faut savoir en envisager, sans se scandaliser, les faiblesses et les vices." Certamente! ©
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