
Voici un petit guide qui vaut de l'or, tant il démontre
bien comme les moeurs ont été bouleversés en un siècle. Publié dans la
collection "Bibliothèque M. Charles à un franc. Série médicale V",
"L'hygiène conjugale. Conseils aux gens mariés" lance des affirmations
pseudoscientifiques enrobées d'une morale amidonnée qui fait rire
aujourd'hui.
Extrait :
"Si d'ailleurs elle se met d'accord
avec son mari pour éviter la grossesse, soit en évitant l'épanchement du
sperme dans ses organes sexuels à chaque coït (coït interrompu), soit
en employant d'autres moyens nuisibles, elle s'expose d'autre part à de
affections sexuelles graves.
Le sperme de l'homme - et c'est là une
vérité généralement inconnue - est absolument nécessaire pour maintenir
les organes féminins dans un état constant de santé.
L'abondance de
cette matière procure à la femme force et santé. Les pères de l'Église
qui se basaient sur la Bible pour établir que la femme doit être sous la
domination du mari, avaient à ce point de vue, mis le doigt sur la
vérité.
Même à un âge avancé, l'homme est le conservateur des organes
féminins; le sperme est aussi nécessaire à leur conservation que la
rosée est nécessaire et bienfaisante à la fleur. Sans ce liquide, les
organes sexuels se dessécheraient, subiraient des inflammations ou
seraient détruits par la formation de tumeurs. Et nous sommes justement
redevables de cette foule effrayante de maladies sexuelles, au vice
qu'Onan et sa femme pratiquaient au lieu du coït."
On ne se lasse point de feuilleter ce "guide" de nos
arrière-grands-parents. Dire que cette brochure à un sou faisait partie
de la collection dénommée " Bibliothèque médicale"... On croit rêver.
Ajoutez-y des phrases alambiquées dont il est compliqué de suivre le
fil.
Morceau choisi : "Très fréquemment, nous entendons la
question suivante : Avec quelle fréquence doit-on pratiquer les
rapprochements sexuels ? Maints idéalistes y répondent : simplement
chaque fois où l'acte pourra être suivi d'une conception. Si la chose
était vraie, tout homme aurait besoin d'un grand nombre de femmes, car
notre genre de vie actuel développe précisément outre mesure les
appétits sexuels, d'autre part je ne vois pas qu'on pourrait en
changeant son genre de vie pour se mettre vraiment à la diète et vivre
même comme des chiens, en arriver à rabaisser, jusqu'à rendre cette
chose faisable, et à un tel degré, nos si violents désirs sexuels. La
pratique modérée du coït est bienfaisante et bien que le but principal
du mariage ne réside pas là, elle est cependant la condition
fondamentale d'une heureuse vie en commun.
Voici ce qu'on peut
recommander généralement aux personnes saines : entre la 20e et la 30e
années, ne pas dépasser deux coïts par semaine; entre 30 et 40 ans, se
contenter d'un rapport sexuel hebdomadaire, et, après la 40e année,
tenir compte de l'âge et de la force de l'appétit sexuel car, plus
l'homme avance en âge, et moins il devrait y penser." ©