lundi 14 mai 2018

Les fillettes lisent Lisette !

Dans les années 20, les petites filles lisent "Lisette", un hebdomadaire publié par les Editions Montsouris. Le périodique est enrichi de jolis dessins à la ligne claire qui illustrent des histoires, des jeux et des articles sur la broderie. 
 
Comme la revue est passée dans le domaine public, on peut la consulter ou même la télécharger en toute liberté sur le site de Gallica

J'ai récemment acheté l'album n° 4 qui rassemble les éditions d'une partie de l'année 1929. On peut y admirer des oeuvres de Levesque, Louis Maîtrejean, Le Rallic, Manon Iessel, Henry Lemonnier, etc. Les traits sont gracieux et féminins, même s'ils demeurent rigides, un peu guindés. C'est un dessin représentatif d'une époque riche. Insouciante et innocente.
 




vendredi 27 avril 2018

Port Sunlight, une cité propre comme un sou neuf

Extrait de l'Almanach illustré du Soir 1920
En feuilletant l'album "A travers le Monde" de l'année 1906, je suis tombée sur un article surprenant au sujet de Port Sunlight qu'on tenait pour une cité ouvrière modèle en Angleterre, au début du XXe siècle. Tout le monde connaît bien entendu le savon Sunlight. Je me souviens que ma grand-mère prononçait "sunlich'ttt". Ce qu'on sait sans doute moins, c'est qu'au début du XXe siècle, les frères Lever, créateurs du fameux savon, avaient établi leur cité industrielle, Port Sunlight non loin de Liverpool. Au XIXe siècle, cet endroit est un vaste marécage sillonné par un ruisseau, sur les bords de la rivière Mersey.

Il ne s'agissait pas d'un complexe industriel comme les autres, mais d'un village modèle construit à l'intention des ouvriers de l'entreprise, dès la fin du XIXe siècle. C'est une localité verdoyante ponctuée de huit cents maisons pimpantes entourées de jardins.  

"Toutes les rues, larges de 10 mètres en moyenne, sont bordées de trottoirs de 3 à 4 mètres, flanqués eux-mêmes de pelouses gazonnées de 6 à 7 mètres", décrit l'article d'"A travers le Monde". "Après seulement viennent les maisons, chacune d'elles ayant par derrière un jardin que le locataire cultive comme il l'entend. Quant aux pelouses de la rue, ce sont les jardiniers de MM. Lever, qui en entretiennent et fauchent le gazon."

"Feuille d'avis de Neuchatel et du vignoble neuchatelois", 28 mars 1895
Entre 1899 et 1914, 3500 habitants ont peuplé cette cité modèle qui comprenait aussi une galerie d'art, un hôpital, des écoles, une salle de concert, des magasins coopératifs, une piscine, une église,...  Qui plus est, la population est invitée à s'affilier à diverses associations culturelles ou sportives. Des systèmes sociaux et des loisirs sont proposés aux travailleurs. 

Il y avait notamment le Gladstone Hall, un grand restaurant où les ouvriers peuvent réchauffer leurs repas. Le Hulme Hall permet aux femmes de manger un repas complet qui comprend soupe, viande, pommes de terre, tarte, pain et beurre (30 centimes, environ 1€ aujourd'hui). Des associations de prévoyance y ont également été créées : société de secours mutuelle, prêts, caisses d'épargne, etc. 

"Il y a tant et tant de misérables", affirmait M. Lever, "que la charité, si active qu'on veuille la supposer, ne parviendra jamais à leur venir en aide. Nous n'arriverons à guérir nos maux sociaux qu'en dirigeant habilement nos affaires pour le grand bien de tous."  

Les bénéfices des savons Sunlight étaient ainsi répartis : frais d'exploitation, publicité, rétribution de la direction et part du personnel à titre de participation aux bénéfices. Ce qui représentait, en 1906, 200 francs par tête (environ 732 € à l'heure actuelle). M. Lever ne rétrocédait toutefois pas cette somme à ses ouvriers et employés parce qu'il estimait que ceux-ci en feraient un usage futile. "... si vous me laissez cette somme, je l'emploierai à améliorer les conditions de votre existence. Vous aurez des maisons agréables à habiter, jolies à regarder ; vous aurez des plaisirs sains et intelligents." Paternaliste tout de même !

La coquette petite ville de Port Sunlight affichait un taux de mortalité nettement moins élevé que celle de Liverpool. La mortalité n'y était, en effet, que de 9% tandis qu'elle était de 22%  à Liverpool.

jeudi 15 mars 2018

Les belles images des écoliers et écolières

Fin du XIXe, début du XXe siècle, les petites têtes blondes se plongent dans la lecture du "Petit Français illustré, journal des écoliers et des écolières". Fondé en 1889 par la maison d'édition parisienne Armand Colin qui est une véritable institution en matière de pédagogie jusqu'à l'aube du XXe siècle, le Petit Français illustré comporte aussi des bijoux d'illustrations. Le périodique était essentiellement composé de récits publiés sous forme de feuilletons. Chaque couverture est une véritable oeuvre d'art, comme celle-ci d'une enfant, la fauche à la main, qui dort paisiblement à l'ombre de son panier vide.


Christophe y était illustrateur et est d'ailleurs considéré comme l'un des précurseurs de la bande dessinée en France. C'était aussi un botaniste à la Faculté des Sciences de Paris où il devient docteur en sciences naturelles. C'est parce qu'il doit compléter son revenu qu'il considère un poste comme dessinateur au sein de divers journaux. En début de carrière, Christophe, alias Marie-Louis-Georges Colomb est professeur au Lycée Condorcet et l'un de ses élèves n'est autre que le jeune Marcel Proust. Il donne aussi des cours particuliers aux enfants Dreyfus au cours de l'Affaire.

Sa littérature - car c'est bien de littérature qu'il s'agit - est riche et renvoie à de multiples allusions culturelles et géographiques. A l'époque, un illustrateur est également un écrivain et Christophe est un  fin et manie avec brio le jeu de mots brillant et l'humour farfelu.
"Sachez, mes filles, que nous sommes des atomes jetés dans le gouffre sans fond de l'infini." (La famille Fenouillard)"
"La vie, hélas ! n'est qu'un tissu de coups de poignard qu'il faut savoir boire goutte à goutte; et, je le dis hautement, pour moi le coupable est innocent"!" (Les facéties du sapeur Camember)
Le 15 mars 1902, il signe une superbe couverture qui s'inspire de La Fontaine dans "Les animaux malades de la peste". La scène est cocasse, on y voit des animaux différents malades se faire vacciner et attendre leur tour en cernant le médecin qui est un vieux singe. Une pancarte retient mon attention. Il y est écrit : "Chenil n°1 sujets pour expériences (Hommes)". Un monde inversé où l'homme devient cobaye et où l'animal est situé au sommet de la pyramide de l'évolution. La réflexion est très moderne, n'est-ce pas ? Pour consulter l'année 1902, cliquez ICI.


mercredi 10 janvier 2018

Nane, fillette bourgeoise des années 30

André Lichtenberg
J'avais déjà acheté l'album de "Nane policière", héroïne devenue aujourd'hui improbable et d'ailleurs vraisemblablement inconnue. J'en ai déniché un deuxième, il y a quelques semaines, à un prix plus que doux et j'ai de suite été charmée par le trait souple et clair de Henry Morin qui me fait penser au dessin J-P Pinchon, créateur de Bécassine. Celui-ci date de 1937 et met en scène une jeune fille bourgeoise, bien sous tout rapport, qui rejoint son papa banquier en voyage d'affaires en Pannonie. Accompagnée de sa marraine, Nane est plutôt inquiète car son papa est grippé. Mais il s'en remettra, par contre, Nane va se retrouver embarquée dans une incroyable aventure. Enlevée par un brigand, elle sera finalement sauvée par sa sagacité et l'ami Grouffe.

L'histoire a été écrite par André Lichtenberg qui est à la fois historien, essayiste et romancier. Le scénariste de Nane n'est assurément pas n'importe qui. En 1895, il soutient sa thèse de doctorat ès lettres à la Sorbonne : le socialisme au XVIIIe siècle. Jusqu'en 1930, il va publier de nombreux livres sur des sujets divers et dans des domaines aussi différents que l'essai politique ou la littérature enfantine. Il sera aussi rédacteur en chef de "L'Opinion". C'est lui qui confie l'illustration de Nane à Henry Morin. 

Diplômé de l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris, Morin commence par collaborer à "La Semaine de Suzette" et "Mon Journal". Il se consacrera aussi à l'art religieux, depuis qu'on l'a embauché, en 1923, pour dessiner les vitraux de la chapelle Jeanne d'Arc de la Cathédrale Saint-Julien du Mans.

lundi 25 décembre 2017

Joyeux Noël façon fin XIXe

Extrait de Harper's Young People (1er janvier 1887) : "Je commence mes cadeaux de Noël et aimerais que quelqu'un me suggère quelque chose de joli à faire pour mon grand-père. Je suis en train de confectionner un beau coussin pour le sofa, qui est presque terminé. Voici une jolie manière de faire une manique pour théière : prenez un épais morceau de tissu sombre (le brun est le plus élégant), d'à peu près la taille d'une sous-tasse et dentelez les bords, et à l'intérieur de la bordure, faites une rangée de double couture dans des couleurs vives ; le bleu est très beau. Avec toute mon affection à l'employée des postes." (Mabel K.)