samedi 16 novembre 2013

La vie au plein air sans ses inconvénients, le confort 5 étoiles en sus


L'extérieur du home-car
A l'heure où les gens du voyage sont souvent conspués (pour leur esprit libre? pour leur marginalité?), certains n'hésitent pourtant pas à céder aux embruns du voyage à bord d'un camping-car.
Un salon vaste et coquet




La pratique du piano est possible
En 1908, on appelait ça un "home-car", tel qu'on l'explique dans le journal Femina du 1er mai 1908. Le Baron et la Baronne R. de S. avaient fait construire un home-car au début du XXe siècle. Rien à voir bien entendu avec les conditions spartiates imposées aux romanichels de l'époque. Les nobles sont logés dans le luxe. 

Ces adeptes du home-car ne manquent de rien : les pièces sont vastes et conçues de façon très pratique. On peut y jouer au piano, se détendre au salon ou encore tenir une conversation téléphonique dans l'intimité douillette de la roulotte. "Dans les localités où s'arrête son aristocratique roulotte, la baronne R. de S. se fait relier à la ligne téléphonique et peut ainsi causer de tous les coins de la France avec ses amis de Paris."
Coup de fil aux amis restés à Paris
 











Pendant ce temps, les romanichels expérimentaient une vie bien sûr beaucoup moins confortable et plus rudimentaire, comme on le lit dans "La maison roulante" de Madame de Stolz édité en 1886, par la Librairie Hachette et Cie. Ce qui nous vaut ces deux superbes gravures d'Emile Bayard.

jeudi 31 octobre 2013

Le spectroscope, une découverte du XIXe siècle ou comment voir des fantômes

Dans l'édition du 26 janvier 1865 de "La science pour tous", un article est consacré au spectroscope qui est, en fait, un phénomène rapporté par l'American artisan.

"La science pour tous" fait allusion aux nombreux journaux qui prétendent qu'en photographiant les yeux d'une personne frappée de mort violente, l'image reproduit les derniers objets (ou les dernières personnes) qui ont marqué le regard. Il paraît même qu'on a reconnu dans les yeux d'une femme assassinée, les traits de celui qu'on supposait être son meurtrier! "Peut-être a-t-on fait des expériences sur des vivants ayant éprouvé une forte émotion ou une vive curiosité à la vue de certaines choses, nous l'ignorons." L'hebdomadaire scientifique reproduit en tous cas une expérience menée en Amérique et appelée "spectroscope".

"Pour produire l'apparition de la figure que nous publions, exposez-la à une forte lumière et regardez le point placé au-dessus du nez du spectre, pendantque vous compterez lentement cinquante, en tenant les yeux aussi immobiles que possible ; après, jetez vos regards sur le plafond ou sur un mur blanc et fixez-les sur un point ; vous verrez alors cette image aussi grande que le modèle apparaître sur le plafond ou sur le mur. Si vous ne distinguez pas de suite, fermez vos yeux deux ou trois fois très rapidement ; ne voyez-vous rien encore, ce qui est rare, fixez de nouveau la figure et regardez ensuite le plafond ou le mur.

"Si la figure est brillamment colorée, le spectroscope offrira plus d'intérêt ; car l'image se reproduira de même, en tenant compte seulement du changement des couleurs. Une figure blanche devient noire, le vert devient rouge, l'orange devient bleu.

"Faites cette expérience la nuit, éclairez vivement votre dessin et fixez vos yeux sur une surface blanche."

Le spectroscope ou comment voir des fantômes grâce à la science. ©

dimanche 27 octobre 2013

Tu es poussière et tu retourneras en bibelots!

L'humour est pour le moins surprenant à la fin du XIXe siècle. Humour et cynisme font en tous cas bon ménage à cette époque. Voici deux perles relevées dans "L'écho de la semaine" de 1895. Dans l'édition du 2 juin, on épingle cette croustillante annonce commerciale extraite d'un journal allemand : "Toute personne qui prouvera que mon tapioca est nuisible à la santé en recevra gratuitement trois boîtes." Diplomatie, finesse, et à propos truffent cette annonce de giclées d'insolence et de bon sens trempé dans l'ironie. Mais l'humour vire au macabre, en cette fin de XIXe siècle.

Der Tod als Würger d'Alfred Rethel (1851)
Le 21 juillet 1895, le même journal relate les recherches du Dr Cooper, un Américain qui veut transformer le corps humain en ustensiles de ménage ainsi qu'en bibelots d'étagère. Explication : "Le singulier inventeur soumet un cadavre à une pression hydraulique considérable. En quelques minutes, le corps se trouve transformé en une pâte très malléable que l'on moule comme on le désire et que l'on fait cuire tout comme s'il s'agissait d'un vase ou d'un pot de fleurs." On n'est ma foi pas si loin de l'optique développée par le superbe film d'anticipation, "Soleil vert" réalisé par Richard Fleischer (lui-même inspiré par le livre de Harry Harrison) : l'utilisation du corps humain comme objet esthétique ou utile. Dans le film de Fleischer, il servait d'aliment, unique ressource dans un monde en décadence et désormais dépourvu de ressources naturelles. La mort est aussi un business... Rien ne se perd, rien ne se crée. ©

vendredi 4 octobre 2013

Le Telephone Hirmondo, le journal parlé par téléphone en 1895

L'équipe qui lit les nouvelles du jour en 1901
Les germes du progrès contemporain se multipliaient déjà à la fin du XIXe, au début duXXe siècle. Le journal parlé existe depuis bien plus longtemps qu'on l'imagine. Le Telephone Hirmondo, créé à Buda-Pesth (orthographe d'antan) en Hongrie, était en réalité un journal parlé qui transmettait à ses abonnés l'actualité politique, littéraire, artistique, commerciales, etc.

Dès 8 heures tapantes, des flots d'information sont déversés dans le cornet du téléphone. Les événements de l'étranger sont d'abord diffusés, puis les nouvelles concernant l'Autriche-Hongrie et la presse locale. Suivent les cours de la Bourse et du marché des grains. L'après-midi, on a droit aux discusions du Reichstag et la soirée est consacrée à la critique dramatique et musicale ainsi qu'à des auditions partielles des théâtres et des salles de concert. Le midi et le soir, deux résumés des faits les plus saillants de la journée sont proposés. La brèche était ouverte : le flux d'informations n'allait dès lors plus pouvoir tarir. ©

lundi 30 septembre 2013

Les Martiens débarquent en 1895

"Les autres mondes sont-ils habités?" de l'Abbé Moreux
Dans "L'écho de la semaine" daté du 24 novembre 1895, on s'interrogeait sur l'existence des Martiens (on écrivait "Marsiens" à l'époque). L'astronome américain Percival Lowell soutient mordicus que des canaux sont présents sur la planète rouge. Au fil de ses observations, il note l'apparition de feux brillants sur la surface du globe. Ces éclats sont observés à heures fixes, la nuit et disparaissent à l'aurore. Lowell en est persuadé : ce sont des signaux envoyés par les Martiens aux Terriens. Tous les astronomes du monde finissent par braquer leurs télescopes sur la planète rouge mais les interprétations varient et sont diamétralement opposées. L'hypothèse de Lowell est loin de faire l'unanimité.

Une atmosphère ténue

Invivable pour le Terrien

Depuis longtemps, les savants de l'époque soupçonnent l'existence d'une atmosphère autour de Mars. L'Italien Giovanni Schiaparelli parvient à démontrer que cette atmosphère, bien que raréfiée par raport à la nôtre, possède une composition similaire. Il affirme que les taches blanches sur les pôles de la planète sont, en fait, des amas de neige et de glace. Malgré les similitudes qu'il note avec la Terre, il déclare que Mars est résolument inhabitable pour un Terrien, d'autant que les différences de températures entre le jour et la nuit sont considérables. "Cela ne veut pas dire que des êtres animés, spécialement conformés pour de semblables variations ne puissent y vivre, malgré la rigueur excessive du froid pendant la période nocturne, et la chaleur intolérable pendant le jour", affirme l'astronome italien.


Les canaux, oeuvres

d'êtres vivants

Au sujet des canaux, Schiaparelli pense qu'il s'agit d'un réseau de cours d'eau aboutissant à des lacs ou à des mers intérieures. Depuis 1894, Lowell étudie avec son télescope, le plus puissant au monde, 24 heures sur 24. D'après lui, les canaux sont l'oeuvre d'êtres vivants. Leur tracé suit des directions déterminées. Les taches sombres représentent des forêts touffues, les pointes vermeilles sont des régions désertiques et dès les glaces fondent, il constate que ces contrées se parent d'une végétation luxuriante. 

Lowell finit par conclure que ces êtres ont une robustesse de loin supérieure à la nôtre. "... le travail gigantesque exécuté par les Marsiens, pour le creusement et l'établissement de leurs canaux d'irrigation fertilisatrice, et aussi, les extraordinaires dimensions de ces derniers prouvent que sur cette planète vivent des populations beaucoup plus anciennes que celles de la Terre, et d'une stature infiniment supérieure dépassant en proportion tout ce que nous pouvons imaginer comparativement à la taille des hommes les plus grands." En un peu plus d'un siècle, nos horizons sur l'univers se sont élargis et Mars est un peu plus près. http://mars.jpl.nasa.gov/ ©

vendredi 13 septembre 2013

Almanach illustré du Soir 1933 : adieu, bleuets et coquelicots

Au fil des pages de l'Almanach illustré du Soir de 1933, j'ai épinglé cet article sur la disparition des bleuets et des coquelicots dans les champs. Ces fleurs sont les symboles de la guerre 14-18. Les coquelicots représentent ceux qui ont été sacrifiés sur le champs de bataille et les bleuets, les uniformes des Poilus français. 
Les coquelicots mouchètent encore aujourd"hui les bordures des champs blonds, même s'il s'agit d'une mauvaise herbe qui provoque un rendement moins important et une pollution de la farine. Tout ça ne nous rendra pas nos campagnes d'antan. On le regrettait déjà dans les années 30. ©


samedi 7 septembre 2013

Le corbeau démasqué!

L'intellligence du corbeau a été mise en exergue dans plusieurs reportages et articles récents. Le National Geographic n'hésitait d'ailleurs à clamer que "le corbeau est aussi intelligent que les grands singes". Comme les primates, les corvidés ont la capacité de raisonner. Et cela ne date pas d'hier puisque le Grec Esope narrait, voici deux siècles et demi, la fable d'un corbeau qui avait semé des cailloux dans un verre pour pouvoir hausser le niveau de l'eau et boire à sa guise.

Jaco, l'oenophile


J'ai mis la main sur deux ouvrages du XIXe siècle qui s'intéressent à la sagacité de cet oiseau. "L'intelligence des animaux" d'Ernest Menault (1869) écrit à son sujet qu'il peut imiter le chant du coq,miauler, aboyer ou encore reproduire le son de la crécelle pour effrayer les autres volatiles dans les champs de blé. On raconte l'histoire de Jaco, le corbeau du Dr Franklin qui, paraît-il, pouvait prononcer distinctement le mot "aqua" et pourtant, il préférait le vin à l'eau. Un jour, sa bonne posa un verre de vin rouge sur la table. Jaco le sirota, goutte à goutte. De crainte qu'il ne brise le verre, la servante le retira. Furieux, l'oiseau l'attaqua au visage. Face à trois verres remplis respectivement d'eau, de bière et de vin, Jaco dédaignait les deux premiers et affichait sa préférence pour le divin breuvage.

La colère des pies, la jalousie des corneilles


Le jardin des délices de Jérôme Bosch
Au fil des pages de "L'intelligence des animaux", même titre mais livre différent édité chez Louis Chaux en 1886, divers auteurs relatent des anecdotes qui en disent long sur la perspicacité des bêtes. Il semble ainsi que le corbeau sait parfaitement distinguer un bâton d'un fusil. Et sur ce point, la pie est apparemment plus maligne encore. Un professeur avait dû tuer de nombreuses pies afin d'étudier leur anatomie. Lorsqu'il prenait son arme, les pies perchées sur les arbres environnants semblaient crier de façon narquoise ou indignée. Une pie criblée de plomb avait été jetée dans un pré. Une heure plus tard, elle était entourée de congénères qui cherchaient à entraîner le cadavre. Soudain, un coup de feu en abattit deux et dispersa le reste. Quand l'un des élèves du professeur se prit à enlever les cadavres, les autres revinrent en caquetant sur un ton menaçant.
La corneille n'est pas en reste. Un homme en possédait une dans son jardin et lui présentait une coupe conique en terre pour qu'elle puisse procéder à ses ablutions. Perchée sur le bord du récipient, Javotte y plongeait la tête et s'il y avait trop d'eau à son goût, son bec s'arc-boutait sur le rebord de la jatte pour la faire basculer. Dès que l'eau s'écoulait, la pie surveillait les opérations et recommençait son manège jusqu'à ce que le niveau de l'eau lui convienne, et elle se baignait.
Un homme avait une corneille dans son jardin. S'il s'asseyait sur un banc, l'oiseau le rejoignait pour que l'homme lui gratte le plumage. La corneille avait cependant des concurrents en la personne d'un chat et d'un vieux chien de chasse. Jaloux, il ne cessait de mettre en fuite les animaux à poil. Si le chat battait rapidement en retraite, le chien était plus têtu. Alors la corneille s'approchait lentement du chien par derrière et frappait sa queue d'un violent coup de bec. Le chien poursuivait dès lors l'oiseau qui se réfugiait au sommet d'un arbre. Le canidé récupérait sa place pour reprendre son sommeil, tandis que la corneille coquine recommençait son tour. Le maître prit pour habitude de siffler chaque fois que la corneille tentait de pincer la queue du chien mais "la corneille prenait un air indifférent et ramassait un gravier qu'elle tournait dans son bec. Le chien tranquillement se rendormait." Quand le chien finissait par en avoir assez, il déguerpissait, résigné. L'oiseau satisfait venait alors se faire gratter le plumage mais si son maître avait le malheur de mollir son geste ou pire de s'arrêter, la corneille frappait la cuisse de l'homme d'un léger coup de bec. Le coup se faisait plus insistant, plus appuyé si l'homme ne s'astreignait pas à la tâche. Cervelle de moineau... C'est vite dit! ©

lundi 2 septembre 2013

1895 : GSM, télépathie et surpopulation

Quand le passé s'aventure sur les pistes du futur, on a droit à quelques visions parfois surprenantes. L'Echo de la Semaine daté du 13 janvier 1895 relate ainsi une découverte insolite due au génie d'un certain Thomas Edison. J'ai choisi cette photo d'Edison parce que sa main pourrait tenir un téléphone portable. Impossible? Certes mais avec un peu d'imagination, on n'est pas loin du compte si on extrapole ces lignes extraites de L'Echo de la Semaine qui font allusion à l'une de ses nouvelles inventions : "C'est un minuscule téléphone logé dans un boîtier ressemblant à celui d'une montre ordinaire. Sur le cadran, se meut une aiguille de boussole actionnée par une bobine intérieure. Grâce à cet appareil et sans l'intermédiaire d'aucun fil, on peut communiquer, à n'importe quelle distance, avec une autre personne possédant un appareil identique. Edison affirme que la pensée seule d'un individu appliquée avec insistance à tel ou tel objet, peut produire un courant électrique d'intensité suffisante, pour permettre sa transmission." On frise même la science-fiction, n'est-ce pas? La communication par télépathie... On en est encore loin!

En 2072, on étouffe sur Terre!

Préoccupation bien actuelle, la démographie n'était nullement un sujet brûlant en 1895 et pourtant, on parle déjà de surpopulation dans un entrefilet de l'Echo de la Semaine du 6 janvier 1895. Un statisticien anglais avait déclaré qu'il y avait place sur Terre pour exactement 5 milliards 994 millions d'âmes. A l'époque, on dépassait à peine le chiffre d'un milliards de terriens.D'après ses calculs, ce chiffre fatidique sera atteint en 2072, "délai singulièrement court. Nous ne serons hélas ou heureusement plus de ce monde, pour voir ce que feront nos descendants, alors que tassés les uns sur les autres, ils se verront contraints de recourir à la force brutale pour assurer leur existence." 

La statistique n'est fort heureusement pas une science exacte puisque nous dépassons actuellement les 7 milliards d'humains. Le chiffre avancé par ce statisticien (dont on tait le nom) a été atteint entre 1995 et 2000. Si la place fait cruellement défaut dans certaines parties du globe (surtout dans les grandes villes), nous ne sommes pas "tassés les uns sur les autres" et réduits à la violence pour revendiquer notre territoire. Quoique. ©

jeudi 29 août 2013

"Men only" : cigarettes, whisky et p'tites pépées


Dans un magazine intitulé "Men Only", on se doute un peu que les pubs sont extrêmement ciblées. Reste à savoir pourquoi l'alcool et la cigarette sont synonymes de virilité à l'époque. Les temps ont peu changé et certaines marques nous rabâchent encore aujourd'hui les oreilles avec des slogans aux relents machistes.

Le magazine britannique affichait même une réclame en français (avec sous-titres!). Normal : le produit l'était. Et pour le reste, un bon scotch whisky écossais qui "réjouit le coeur de l'homme" et du tabac pour "rassasier son plaisir". ©

mardi 27 août 2013

"Men only" : les hommes savent pourquoi...

"Dites-lui de danser ailleurs! Elle refroidit ma soupe."
Comme son titre l'indique, "Men Only" est un magazine britannique qui ne s'adresse pas vraiment aux femmes. Son fondateur C. Arthur Pearson n'y allait d'ailleurs pas par quatre chemins, en 1935, année de la premère publication. "Nous ne voulons pas de lectrices. Nous n'aurons pas de lectrices." Hum, je ne  sais pas pour vous mais moi, ce genre d'affirmation titille encore davantage ma curiosité féminine.

Je n'ai en tous cas pas été déçue de ce numéro datant de 1954 qui mélange humour, illustrations érotico-comiques, articles à l'esprit bien trempé et photos aguichantes. La une du mois de juillet 1954 semble déjà... tonitruante. L'intérieur comporte quelques planches mollement coquines aujourd'hui. Mais gageons qu'à l'époque, c'était un tantinet osé, non? ©

jeudi 15 août 2013

Mars telle qu'on l'imaginait, il y a 100 ans

A l'heure où nous avons déjà découvert de nombreuses images époustouflantes de la planète rouge, après plus d'une année d'exploration du robot Curiosity, il est intéressant de faire un bond dans le temps. Il y a près de 100 ans, voilà ce qu'on écrivait au sujet de Mars. Extrait de l'Almanach Hachette en 1914.

mercredi 31 juillet 2013

L'enfance de la robotique en 1959

Mon grand-père était fasciné par les techniques et les nouvelles technologies en général. Lorsqu'il est décédé au crépuscule des années 60, il a laissé derrière lui une impressionnante collection de livres, de manuels, d'objets hétéroclites dont on n'a gardé que quelques reliques. Ce livre a miraculeusement été préservé.

A l'ère de la miniaturisation extrême et des nanotechnologies, cet ouvrage de Bruinsma fait figure de pionnier. En 1959, date de sortie de ce bouquin, la robotique appartient encore surtout au domaine de la science-fiction. On n'en est qu'aux balbutiements et la vision qu'on projette de l'avenir technologique est empreinte de naïveté et d'humanisme. Si la littérature et le cinéma jouent sur l'effet dramatique et privilégient le catastrophisme (les robots représentent une menace pour l'humanité), la science propose de maîtriser le développement des robots et d'"en faire un usage satisfaisant tendant à l'élévation du niveau de vie de l'humanité."

Deux robots avaient été conçus tout spécialement pour ce livre. L'un présentait la forme d'un animal avec une "vie" plus ou moins indépendante, tandis que l'autre était un robot statique qui pouvait jouer àu tic tac toe, dit jeu OXO. L'ordinateur avait déjà esquissé son entrée dans la société pour réaliser des petites tâches programmées, comme l'ouverture et la fermeture des portes coulissantes automatiques, les opérations des machines à calculer électroniques, les projectiles téléguidés vers leur cible, etc.

Les circuits ont été créés de sorte à mimer l'apparence humaine. Il y a un organe des sens capable de capter les stimuli et de les métamorphoser en pulsions électroniques. Le système nerveux, quant à lui, module l'intensité. Le cerveau emmagasine les données, les classe et les traite. Et enfin,les muscles produisent les réactions suscitées par les stimuli interceptés par les organes des sens. Le niveau de sophistication n'a évidemment rien à voir avec la robotique actuelle, au sens où les robots de ces années-là fonctionnent uniquement autour de la notion de réflexe ou de mémoire, et non d'analyse ou de raisonnement.
Le robot-jeu comporte déjà une petite particularité. Il "a été conçu de façon à réagir de façon audible à la défaite et à la victoire. Lorsqu'il est battu, il émet un grognement de découragement et, lorsqu'il gagne, un cri répété de satisfaction. Il ne reste silencieux qu'en cas de match nul." On est encore loin de la complexité actuelle mais les bases et le principe y sont. L'ordinateur de demain n'aura à son tour certainement plus rien de commun avec nos PC, tablettes ou smart phones. En attendant, point n'est besoin de consulter une boule de cristal : notre imagination se chargera de lever le rideau sur le futur de la robotique.©

mercredi 3 juillet 2013

"Eclairs et tonnerre" : quand le ciel tombe sur la tête



Belle découverte que ce livre de 1867 de W. De Fonvielle, intitulé "Eclairs et tonnerre". Ce bel ouvrage édité chez Hachette est illustré de 39 vignettes créées de Bayard et de Clerget.

Le livre se veut être un ouvrage pseudo-scientifique sur le phénomène de la foudre. Le texte est jalonné de témoignages de personnes ayant eu des rencontres du troisième type avec l'orage.

Et lorsque la foudre frappe, elle peut laisser sur son passage des scènes tragiques autant qu'insolites. Extrait : "(...) huit moissonneurs, prenant leur repas sous un chêne, furent frappés tous les huit par un même coup de foudre, qui se fit entendre au loin. Lorsque les passants s'approchèrent pour voir ce qui s'était passé, les malheureux semblaient continuer leur paisible agape. L'un tenait son verre, l'autre portait le pain à la bouche, un troisième avait la main dans le plat. La mort les avait tous saisis dans la position qu'ils occupaient lors de l'explosion du tonnerre."

Et les histoires, toujours plus gores les unes que les autres, se succèdent. On y parle d'un matelot coupé en deux par le tonnerre, de chevaux effondrés sur la route, les intestins à l'air, d'une femme foudroyée qui hurlait et qui, en un coup de fouet, se transforma en un monceau de cendres!

Eh bien, que tout cela ne nous attire pas les foudres de Zeus... ©

jeudi 27 juin 2013

Ecrivain public, un métier déjà disparu en 1929

Si l'on en trouve encore quelques-uns de nos jours, force est de constater que la profession d'écrivain public a disparu. Certains sont toutefois encore disponibles dans les administrations afin d'aider le citoyen à rédiger son courrier mais il n'en est plus (ou alors très rarement) qui traduisent en mots, les élans amoureux. 

En 1929, il n'en existait plus qu'un à Paris, comme le rapporte cet article dans "Le Soir Illustré" du 28 décembre 1929. Juste à côté de la prison de Saint-Lazare. On le sollicitait essentiellement pour les recours en grâce.





jeudi 20 juin 2013

Il était une fois Charles Perrault

Le Petit Chaperon Rouge
Ma grand-mère ne se lassait jamais de me narrer les contes de Perrault. Elle finissait par reprendre les mêmes expressions, les mêmes intonations et je les connaissais par coeur. 
Récemment, j'ai exhumé un exemplaire des Contes de Charles Perrault,  datant de 1894. J'ai retrouvé les expressions de mon aïeule, mot pour mot. "Tire la chevillette, la bobinette cherra", disait mère-grand lorsque Chaperon Rouge frappait à la porte. Gamine, j'avais peine à imaginer la scène avec précision car je ne comprenais aucun des termes mais j'aimais la façon dont ces mots mystérieux se mariaient, j'aimais leur mélodie désuète. 
Le Petit Poucet résumait, à lui seul, toutes les peurs de l'enfance et j'écoutais avec avidité et angoisse. Le passage que je redoutais le plus, c'était celui où l'ogre reniflant la chair fraîche, extirpait Petit Poucet et ses frères dissimulés sous le lit.
C'est avec bonheur que j'ai déniché ce petit livre imprimé, gravé et broché dans les ateliers d'Edouard Guilllaume, le 15 juillet 1894. L'état général est satisfaisant, eu égard à l'âge plus que vénérable de l'ouvrage. Certaines pages n'ont pas été rognées. Ce qui rend l'objet encore plus attachant, encore plus rare aussi. Les illustrations signées Mittis et Picard sont d'une finesse remarquable. ©