lundi 25 décembre 2017

Joyeux Noël façon fin XIXe

Extrait de Harper's Young People (1er janvier 1887) : "Je commence mes cadeaux de Noël et aimerais que quelqu'un me suggère quelque chose de joli à faire pour mon grand-père. Je suis en train de confectionner un beau coussin pour le sofa, qui est presque terminé. Voici une jolie manière de faire une manique pour théière : prenez un épais morceau de tissu sombre (le brun est le plus élégant), d'à peu près la taille d'une sous-tasse et dentelez les bords, et à l'intérieur de la bordure, faites une rangée de double couture dans des couleurs vives ; le bleu est très beau. Avec toute mon affection à l'employée des postes." (Mabel K.)

samedi 16 décembre 2017

Le Christmas des enfants sages de Harper's Young People

Un intrus de bon matin - "Mieux que des noix de coco"
Quoi de plus exquis que de flâner sur le fil du temps... Faute de pouvoir me permettre un voyage aux confins de la planète pour Noël, je plonge le regard dans un très vieil album pour enfants et le dépaysement immobile est garanti. L'errance dans le passé, au-delà des frontières de l'imagination ne coûte rien et peut vous emporter loin, très loin. J'adore lire le courrier des jeunes lecteurs de "Harper's Young People". C'est d'autant plus savoureux qu'on n'écrit plus ainsi de nos jours. Dire que tous ces enfants ont existé, respiré, souri, joué et sont morts aujourd'hui... C'est un peu comme si de gracieux fantômes avaient laissé d'improbables traces de parfum vaporeux. Et qui plus est, les illustrations sont à croquer.

"J'aimerais savoir qui a mis cette vieille chaussure dans ma chaussette"
Harper's Young People est une revue américaine pour les enfants, publiée entre 1879 et 1899. C'était un hebdomadaire riche de 16 pages et qui ciblait plus particulièrement les garçons et les filles entre 6 et 16 ans. 

Dans l'édition du 22 janvier 1887, j'ai épinglé la lettre de Garfield M., un petit garçon du Minnesota qui écrit à St. Nicholas. On remarquera que le petit n'a pas sa langue en poche et qu'on a plutôt les moyens chez les lecteurs de Harper's Young People.

"Comment peut-il fourrer une bicyclette, une luge et une paire de patins dans ça?"
"Cher Santa Claus, J'habite avec mes chers tante et oncle à la première Ferme Hôpital du Minnesota. Mon oncle est en charge de la ferme. Nous visons dans un beau cottage, à une courte distance de l'hôpital principal qui se situe au sud. En toit, il y a trois grands hôpitaux pour les malades mentaux, dans le même parc. J'ai vécu là-bas toute ma vie, et j'ai maintenant 6 ans. Je n'ai jamais été à l'école. Ma tantine m'enseigne à la maison chaque jour. J'étudie la lecture, l'écriture, l'orthographe, l'histoire, l'arithmétique, le dessin, etc. Ce dernier Noël, j'ai reçu beaucoup de beaux cadeaux, et un que j'apprécie chaque semaine. Je vous dirai ce que je veux pour Noël : Harper's Young People cette fois encore, et aussi une boîte de peinture, des voitures en fer, une luge qu'on tire à la main, et une nouvelle paire de bretelles. Tu m'as envoyé beaucoup de beaux livres ; j'en aimerais davantage. J'aimerais aussi une brouette et une grande ardoise (NDLR on écrivait jadis à la craie sur des ardoises).  Je suis heureux de t'apprendre que nous avons eu une énorme tempête de neige, et que ton renne aura beaucoup de plaisir à galoper sur la neige glacée. J'ai deux beaux veaux jumeaux. Au revoir, Santa Claus."

jeudi 7 décembre 2017

"Poils et plumes" sous la plume de Benjamin Rabier

Lorsque j'aperçois un livre illustré par Benjamin Rabier, en général, je craque. Surtout s'il est vendu à un prix doux... et même si son état n'est pas des meilleurs. Celui-ci s'appelle simplement "Poils et plumes", un conte de Marie Somville publié fin des années 30 aux Editions Desoer de Liège.

Rabier, c'est l'artiste qui a influencé de nombreux auteurs de bandes dessinées et Hergé, en premier lieu. Rabier fait résolument partie de mon enfance. La vache qui rit, c'est lui. Bovin hilare qu'on retrouve encore dans ce livre illustré, aux côtés d'une panoplie d'animaux. Il est d'ailleurs tenu pour l'un des dessinateurs animaliers européens majeurs. 

Benjamin Rabier - PortraitNé le 30 décembre 1864 à Roche-Sur-Yon, le jeune garçon marque un talent indéniable dès son plus âge mais cette passion ne doit pas entraver une carrière. Pas plus que des études qu'il interrompt du reste pour travailler. Il débute en tant que comptable au Bon Marché à Paris. Grâce au caricaturiste Caran d'Ache, ses illustrations vont peu à peu apparaître dans diverses revues françaises. Très rapidement, son travail sera respecté et adulé. C'est un workaholic avant la lettre. Parallèlement à sa fonction de sous-inspecteur aux Halles, il poursuit sa carrière d'artiste (illustrateur mais aussi créateur de pièces de théâtre ainsi que de dessins animés) et finit par souffrir d'un mal moderne, le burn-out. Raison pour laquelle il abandonne son poste aux Halles en 1910. 

Son personnage fétiche, c'est Gédéon le canard (dont je parlerai une autre fois). En 1927, il invente le personnage de la Vache qui rit pour une célèbre marque de fromage fondu. Son créateur Léon Bel fait appel à Benjamin Rabier qui, sur suggestion de sa femme, va lui donner des boucles d'oreille, histoire de féminiser la bête à cornes.

Auteur belge pour les enfants, Marie Somville a rassemblé dans "Poils et plumes", des petites histoires mettant en scène des animaux. Ce ne sont pas des contes, affirme-t-elle. "Il n'en est pas une qui ne soit véridique et racontée fidèlement sans la moindre broderie ; j'ai été témoin de la plupart de ces faits (...)"  

mercredi 22 novembre 2017

Fillettes, petits mâles et moutons...!

En chinant, j'ai trouvé un bouquin oublié et vraisemblablement rare, à un prix raisonnable et en parfait état, qui plus est. Et il était dédicacé à un confrère. Edité en 1906, cet ouvrage du Dr Toulouse - "Les leçons de la vie" - est davantage une étude sociale qu'un livre de médecine. 

Et pour cause. Ce Marseillais né en 1865, est devenu médecin avec une thèse sur la mélancolie. Il était psychiatre et également journaliste. En 1901, il ouvre un laboratoire de psychologie expérimentale à Villejuif.  C'est lui qui imaginera le comité d'hygiène mentale (aujourd'hui, Ligue française pour la Santé mentale) dont le but était d'améliorer les conditions de traitements des malades mentaux. Anecdote particulièrement intéressante à son sujet : Emile Zola a consenti à devenir un sujet d'étude du jeune Edouard Toulouse sur les rapports entre génie et folie. 

Dr Edouard Toulouse
L'ouvrage "Les leçons de la vie" est plus léger. Le médecin livre une série de conseils en matière d'hygiène, fruit de toute une série d'observations qu'il a faites. Cela peut sembler futile à l'heure actuelle et pourtant, ça nous en dit un bout sur la mentalité de l'époque. 

La propreté est un sujet brûlant à l'époque. L'apparence extérieure prime sur la réelle hygiène. Il écrit (notez les détails sur les différences sociales et les clichés) : "De même, une dame n;accepterait pas sur son lit - même pour quelques instants - le manteau de son ouvrière. Mais au retour d'une course dans un fiacre ou en wagon, après s'être frottée contre des coussins salis par mille contacts, sa jaquette lui paraît tout aussi propre et inviolée qu'auparavant, - parce que les souillures invisibles et auxquelles elle n'a pas songé n'ont pas compromis l'aspect esthétique du vêtement." (...) "personne ne se préoccupe de l'origine des aliments. Qu'importe si le pain est imbu de la sueur de celui qui l'a porté à la main,si les fruits ont été cueillis par des enfants aux mains sales, si la poussière de la rue, chargée de crottin et de détritus de rtoutes sortes, a saupoudré la viande, les légumes et les desserts exposés aux étalages des commerçants ; tant pis si les assiettes et les verres ont été rincés à la cuisine dans des eaux bourbeuses de crasse."

Le livre était dédicacé à un confrère
Et en parlant de rang social, le scientifique en parle dans un chapitre, divisant la société en trois ordres : l'ouvrier, l'employé et l'homme des professions libérales. L'image qu'il utilise pour justifier son propos est pour le moins scabreuse mais c'est révélateur d'une époque et je me demande sincèrement si certains ne le pensent toujours pas aujourd'hui. "Le parcage est toujours très serré ; les moutons d'un enclos ne peuvent, sauf circonstances exceptionnelles, passer dans l'enclos supérieur." Toulouse vise toutefois une certaine forme d'égalité sociale sans pour autant être révolutionnaire : "Pour que la démocratie ne soit pas contraire au progrès de la civilisation, il faut établir l'égalité en relevant le niveau le plus bas ...)."

Cet ouvrage fourmille de réflexions intéressantes sur divers sujets de société, qui nous apprennent énormément sur la pensée du début du XXe siècle. J'ai beaucoup ri lorsque j'ai lu l'opinion du docteur sur la "co-éducation", à savoir la mixité scolaire (entendez bien sûr garçons/filles). Le scientifique n'y est pas trop favorable car, s'explique-t-il, "les enfants sont immoraux ; et, quand ils sont très jeunes, on peut même dire qu'ils sont amoraux". L'enfant aurait donc une moralité très faible et tout particulièrement en matière sexuelle. Une difficulté vient s'y ajouter selon lui : l'absence de justice pour les plus jeunes. Cette phrase vaut son pesant de cacahuètes : "Qu'adviendra-t-il des fillettes, plus mal défendues, quand elles seront en contact avec les petits mâles cyniques et irresponsables ?"

mercredi 27 septembre 2017

La petite maison dans nos prairies

La série "La petite maison dans la prairie" a profondément imprégné la culture télévisuelle, à un point tel qu'elle a accompagné le public des années 70 et 80, de la puberté à la ménopause. Alison Arngrim, alias Nellie Oleson a déballé sa "malle aux trésors" dans une grange rustique d'Ittre, en compagnie de Patrick Loubatière. Mission : remettre les pendules à l'heure des vraies valeurs comme la lenteur et de la gentillesse.


Décor western d'Old Tucson (2004)
Ce feuilleton abondamment diffusé sur les chaînes francophones, n'a finalement pas connu de relâche dans ma vie. Même si je connaissais presque les répliques par cœur, j'ai toujours regardé les épisodes avec la même ferveur. Celle d'une enfant probablement avide d'expérimenter les mêmes sensations encore et encore parce qu'elles procurent du bonheur. Dans cet univers-là, tout est prévisible et gentil. S'il y avait des méchants et des bons, on finissait en définitive par apprendre que les personnages les plus diaboliques avaient aussi un fond qui n'était pas si mauvais qu'on croyait.


Digne fille de sa mère, Harriet Oleson, l'indispensable mégère de Walnut Grove, Nellie incarnait la parfaite petite peste qu'on adorait détester. L'actrice Alison Arngrim a exploité le filon avec intelligence et une large dose d'auto-dérision. Avec la complicité de l'auteur et metteur en scène français Patrick Loubatière, elle a récemment sillonné les campagnes de France et de Belgique pour présenter le spectacle "La malle aux trésors de Nellie Oleson". À chaque représentation, la salle était bondée. Preuve que le phénomène est toujours fédérateur. Comme à Ittre où elle s'est produite dans le cadre rustique d'une grange.
 

Le chemin des souvenirs

 

C'est que le show est drôlement rafraîchissant et drôle. L'atmosphère est champêtre et chaleureuse dans cette grange dont les briques et charpentes apparentes lui confèrent un charme bucolique certes mais quelque peu inconfortable. Qu'à cela ne tienne, on est vite étreint par la nostalgie et on oublie tout. Les notes de "C'est la fête" de Michel Fugain déboulent et en effet, c'est à un divertissement burlesque et bien plaisant que l'on est convié. Sur scène, un écran géant diffuse des séquences cultes de la série. Vêtu du costume rouge de Monsieur Loyal, Patrick Loubatière se promène dans le public avec une malle fourrée de souvenirs liés à la série et plus particulièrement au rôle campé par Alison Arngrim. Un spectateur tiré au hasard est alors invité à extraire un objet qui renvoie à une anecdote narrée - en français, s'il-vous-plaît - par l'interprète de Nellie dans une tenue pailletée.


Les robes de la série à Old Tucson (2004)
Le spectacle est bourré d'inédits (photos, histoires, maquettes hyper réalistes des bâtiments de Walnut Grove réalisées par des fans) et d'éclats de rires qui font briller les prunelles. C'est farci de bons sentiments. On entend les oooh et les aaah de l'assistance qui bien que majoritairement quinquagénaire, retombe délicieusement en enfance. C'est un public de fans purs et durs qui se côtoient, pour certains, dans chacun des spectacles de la comédienne américano-canadienne. Ce n'est pas la première fois qu'Alison se produit dans nos contrées francophones puisqu'on a déjà eu l'occasion de la voir dans ce spectacle mis en scène par Patrick Loubatière mais aussi dans "Confessions d'une petite garce dans la prairie".

La "vraie" Nellie Oleson*
La salle avant le show
À l'issue de la représentation, les deux comparses se prêteront volontiers au jeu des dédicaces et des photos avec les fans. Jusqu'à l'ultime fan. Témoignage de leur générosité qui s'inspire en droite ligne de l'ambiance familiale de la série. Alison Arngrim échange quelques mots avec chacun, se fend d'un large sourire ou d'une facétieuse grimace parfois pour les photos et signe tout ce qu'on lui donne. La soirée a réveillé en nous les meilleurs sentiments et même si nous sommes tous retournés dans nos pénates, loin, très loin de Walnut Grove, nous avons fait le plein de rêves puisés dans une malle décidément magique.

* En réalité, le personnage de Nellie Oleson se base sur trois fillettes que l'auteur des livres de "La petite maison dans la prairie" a connues : Nellie Owens, Genevieve Masters et Stella Gilbert.

samedi 23 septembre 2017

Il était une fois...

Encore une artiste oubliée dans nos contrées... Petit livre déniché pour quelques sous, ce "Cendrillon" paru dans la Collection Trésors, est illustré par la Viennoise Gerda Born. J'ai trouvé le dessin frais et élégant. Le livre qui comprend quinze pages est paru en 1952 et Gerda Born a illustré d'autres contes et ce livret fait sans doute partie d'un coffret en comprenant d'autres.

Selon des informations collectées sur un site célèbre de ventes aux enchères, il y aurait eu six mini-livres dans la même série. Mais difficile de l'assurer. Difficile aussi de retrouver des informations sur cette artiste qui s'appelait vraisemblablement Gerda Winkler-Born. Si les informations sont exactes, elle aurait été peintre animalier et serait décédée en 2015 selon le magazine Vogelschutz in Österreich.


dimanche 3 septembre 2017

Quand un médecin illustre l'oeuvre d'un prêtre...

On entend rarement parler de Marc Ratal. On trouve du reste peu de choses à son sujet sur Internet. Il est vrai qu'il n'a pas eu une carrière flamboyante et qu'il n'a pas sorti pléthore d'albums de BD mais cet Anversois né en 1922, auquel on doit seulement deux albums de Puck Reporter, continue à avoir ses admirateurs. Sa cote n'atteint sans doute pas des sommets mais il faut remettre les choses dans leur contexte. Marc Ratal se lance, en effet, dans la bande dessinée pour financer ses études de médecine à l'ULB.

Comme il ne pouvait suivre de front ces deux carrières, il décide de mettre un terme à son activité de dessinateur et se consacre à la médecine. Il exercera cette profession en tant que généraliste, non loin de la gare du Nord. 

Comme l'une des BD "Puck Reporter" a égayé mon enfance, mon regard a immédiatement été attiré par cette pochette d'un livre écrit par Francis Finn, "Lucky Boy" et publié aux éditions Desclée De Brouwer et Cie. Finn était un prêtre qui a publié pas moins de 27 romans pour adolescents. C'est la seule illustration du médecin dessinateur. J'ignore si Marc Ratal a réalisé d'autres couvertures ou illustrations mais je trouve celle-ci charmante et... pittoresque, oui, c'est ça : pittoresque. 

mercredi 12 juillet 2017

Mais que s'est-il passé à Beauraing dans les années 30 ?

J'avoue que j'étais moins interloquée par le sujet que par la maison d'édition de ce fascicule consacré aux apparitions de la Vierge à Beauraing

Cette brochure diffusée en 1932, est effectivement estampillée "Editions Rex". Ce qui hélas ne se réfère pas aux heures les plus glorieuses de l'histoire belge. En 1932, le mouvement n'était pas encore constitué en parti. Deux années plus tôt, Léon Degrelle est nommé directeur de la petite maison d'édition Christus-Rex. Celle-ci se spécialise dans la publication de brochures pour l'Action catholique. Sur le dos du fascicule, on peut lire : "Sous la présidence de Mgr Picard, Aûmonier de l'ACJB et la direction de Léon Degrelle, les Editions Rex lancent la "Collection Nationale de Rex", qui apporte au grand public à date régulière (...) des livres de nos plus grands écrivains (...)"

Le Docteur Maistriaux s'intéresse donc en 1932 au phénomène des apparitions de Beauraing. Ce n'est pas par hasard. La curiosité d'un médecin pour ces manifestations, confère sans aucun doute à l'événement un sceau scientifique. L'introduction est, à ce titre, éloquente. Le Dr Maistriaux attire l'attention sur les campagnes de dénigrement orchestrées par la presse, raison pour laquelle il a accepté d'écrire cette brochure. "Je le fais volontiers ayant pu constater combien la presse s'y entend pour déformer les faits quand ce n'est pas pour les faire servir aux plus basses calomnies et aux plus méchantes interprétations."

"Récit tout objectif d'un témoin de chaque jour, d'un médecin connaissant et ayant soigné les sujets en question. Enumération spontanée d'actes, de gestes, de paroles sans aucune prétention... pardon, une seule, celle d'être l'expression exacte de la vérité... sans la moindre recherche de littérature ni de poésie." Voilà, voilà. Le ton est donné. La hem! hem! science et rien d'autre. Enfin, presque. Parce qu'après tout, le bon médecin travaille pour une maison d'édition catholique. "(...) je suis désireux de me rendre utilie à l'Eglise et à la Religion afin d'éviter les mécomptes du ridicule si l'avenir nous révélait le néant des "apparitions" de Beauraing."

Après s'être assuré de l'excellente santé physique et mentale des enfants, le médecin entreprend de détailler tous les mots et les gestes des enfants sur les lieux de la vision. Les interrogatoires (du moins quelques-uns) sont retranscrits. D'après ceux-ci, le Dr Maistriaux en conclut que la Vierge est "toute blanche, fort lumineuse avec des reflets bleux, 1 m 25 environ, des rayons dorés partent de sa tête, comme des aiguilles, ses cheveux sont cachés par un voile blanc, les mains sont jointes, un chapelet pend au bras droit et se perd dans les plis de sa robe. (...) Les yeux sont bleus. (...) Elle est très jeune."

Des expériences dites médicales ont ensuite été menées. Elles furent pour le moins étranges et cruelles. Un médecin a approché une allumette de la main des enfants qui n'ont nullement réagi. On leur a "tapoté" la main et le visage avec un canif sans que les jeunes ne bronchent. Tout absorbés qu'ils étaient dans l'extase...

L'épilogue est attendu : "Dans une attente émue, prions le Ciel, implorons la Sainte Vierge Marie pour que bientôt la lumière se fasse. Trop heureux nous serons si la Providence a daigné choisir notre petit coin de terre wallonne pour être témoins de ses bontés." Ah certes !

jeudi 20 avril 2017

La case de l'oncle Tom chez Flammarion

Le livre a vieilli. Certes. Mais il demeure un classique dans le genre et une oeuvre majeure de Mme Henriette Stowe (Harriet Beecher Stowe). On considère du reste que la Guerre de Sécession a été déclenchée par les tensions provoquées par ce morceau de littérature. Son auteur était d'ailleurs une abolitionniste qui dépeignait toute l'horreur de l'esclavage, tout en estimant que l'amour chrétien pouvait arranger les choses. Abraham Lincoln aurait prononcé cette phrase en pensant à elle : "C'est donc cette petite dame qui est responsable de cette grande guerre."

Publié chez Flammarion, vraisemblablement dans le début du XXe siècle (1911 ? aucune date n'est précisée dans l'édition que je détiens), le livre - traduit par Kathleen Fitzgerald - est émaillé de superbes illustrations du Britannique Thomas Derrick. L'une de ses oeuvres, "Le jugement de Paris" est exhibée au Brooklyn Museum Of Art, depuis 1925. 

Tout savoir sur "La Case de l'Oncle Tom" (en anglais) : ici.



jeudi 2 février 2017

La Belle au Bois dormant sous le trait de Béatrice Mallet

J'ai déjà parlé de Béatrice Mallet et de ses bambins joufflus. Cette fois, j'ai exhumé dans une bouquinerie, contre une pièce de 50 centimes, un exemplaire de sa version de la "Belle au Bois dormant"
 


vendredi 20 janvier 2017

L'Islamisme et le Christianisme en concurrence dans l'Afrique de 1906

Représentants de la civilisation juive
Représentants de la civilisation musulmane
En 1906, on s'interrogeait déjà sur le devenir du monde à travers le prisme religieux. "Par l'effet du développement des confréries de derviches et la recrudescence du fanatisme musulman qui en est la suite, les agents de propagande islamique et les missionnaires chrétiens sont aux prises, sur une large zone, qui traverse la masse fétichiste du centre de l'Afrique Qui l'emportera des deux propagandes? A laquelle faut-il souhaiter la victoire dans l'intérêt supérieur de la civilisation?" 
Pères blancs, représentants de la civilisation chrétienne

Ce texte et ces images sont extraits de la revue d'"A travers le monde" n° 22 du 2 juin 1906. Notez dans la première phrase l'opposition entre d'une part, la propagande  et le fanatisme islamiques et d'autre part, les missionnaires chrétiens. Parti pris? Sûrement. 

Dans l'article qui fait référence à un livre paru chez Hachette, "L'Islamisme et le Christianisme en Afrique" de G. Bonet-Maury, on est encore en plein dans les clichés poisseux. Car après tout, qu'il s'agisse d'une religion ou d'une autre, l'essentiel n'est-il pas d'arracher ces indigènes à "leurs superstitions, à leurs pratiques sanglantes et abominables, à leur saleté, à leur paresse, à leur esclavage"?  Il reste beaucoup de progrès à faire dans les mentalités en 1906...

vendredi 6 janvier 2017

Les aventures de M. Pietje au pays des féministes

Nous sommes en 1932 et le statut de la femme évolue peu à peu. Deux ans plus tôt en France, elles peuvent dorénavant être juges. Plusieurs pays dans le monde accordent leur droit de vote mais pas en France ni en Belgique (bien qu'il ait été reconnu en 1920 pour les élections communales). 

Les enfants lisent "Le Bon Point", un magazine hebdomadaire publié entre 1912 et 1938. On y trouve des histoires palpitantes pour les galopins mais aussi quelques bandes dessinées, dont celle-ci extraite du numéro daté du 17 mars 1932. 


M. Pietje est un personnage créé par Aleksas Stonkus dans les années 30. Dans celle-ci, l'auteur fait preuve d'une sérieuse dose d'auto-dérision et n'hésite pas à ridiculiser la gent masculine dont il fait partie. Car après tout, ce petit personnage, c'est lui, le réfugié lituanien en France qui éprouve des difficultés à s'intégrer dans la société française. C'est un personnage comique typique. Il est souvent malchanceux mais il se dépêtre de toutes les situations avec un humour dont il ne se départit jamais. Il me fait songer au schlemiel qui désigne en yiddish une sorte d'anti-héros maladroit, embarqué dans un tas de péripéties mais qui ne se prend pas au sérieux. Une page d'humour venue des années de crise.