mardi 4 mars 2014

Le génie d'Edison : de la poupée parlante à l'électrocution

16 juin 1914. L'encre noire s'estompe mais l'écriture fine et soignée est toujours bien visible sur la page de garde. "A notre très cher Robert en souvenir de sa confirmation", ont signé Tantes Elisa et Eugénie. Elles sont sans doute loin de songer que dans une poignée de semaines, la Grande Guerre éclaterait. 
Joli livre de Jean Gauvin, intitulé "La jeunesse et l'oeuvre d'un savant (Edison)" jalonné de superbes illustrations. L'édition n'est pas datée mais la petite note nous livre un indice.
L'auteur passe en revue la jeunesse d'un tram-boy entreprenant et créatif, et s'attarde sur une oeuvre abondante autant qu'éclectique. Le téléphone primitif de Graham Bell a cependant des accents presque modernes à côté de l'appareil encombrant d'Edison. Inventeur du phonographe, Edison avait aussi conçu une poupée parlante en porcelaine. Gauvin se risque même à écrire: "Le phonographe sera peut-être, en effet, autre chose qu'un jouet plus tard."
1889 consacre définitivement Thomas Edison, par une exposition sur l'électricité. Dès lors, les villes et les villages sont dotés d'un éclairage électrique. Plus rien ne peut entraver le progrès. Plus rien... sinon la barbarie de l'homme. Très étonnant de voir l'illustration d'une électrocution aux Etats-Unis, dans un livre destiné aux enfants. Un chapitre est d'ailleurs consacré à la chaise électrique. "L'Amérique, pays de progrès, a voulu un moyen beaucoup plus rapide et moins douloureux peut-être de supprimer les criminels."
Les propos d'Edison sur l'électrocution donnent froid au dos. "Avec un courant d'une certaine puissance, déclara encore M. Edison, non seulement je me charge de tuer instantanément un homme, mais encore de carboniser son corps en quelques instants." La prise de position de l'auteur sur le sujet est toutefois excessivement avant-gardiste: "L'électrocution a continué et continuera encore aux Etats-Unis juqu'au jour, prochain sans doute, où toutes les nations civilisées banniront de leur code le chapitre relatif à la peine de mort. Il faut espérer que ce jour-là il n'y aura plus d'assassins à frapper, et par conséquent plus de crimes. Souhaitons que ce ne soit pas une utopie." ©