jeudi 31 octobre 2013

Le spectroscope, une découverte du XIXe siècle ou comment voir des fantômes

Dans l'édition du 26 janvier 1865 de "La science pour tous", un article est consacré au spectroscope qui est, en fait, un phénomène rapporté par l'American artisan.

"La science pour tous" fait allusion aux nombreux journaux qui prétendent qu'en photographiant les yeux d'une personne frappée de mort violente, l'image reproduit les derniers objets (ou les dernières personnes) qui ont marqué le regard. Il paraît même qu'on a reconnu dans les yeux d'une femme assassinée, les traits de celui qu'on supposait être son meurtrier! "Peut-être a-t-on fait des expériences sur des vivants ayant éprouvé une forte émotion ou une vive curiosité à la vue de certaines choses, nous l'ignorons." L'hebdomadaire scientifique reproduit en tous cas une expérience menée en Amérique et appelée "spectroscope".

"Pour produire l'apparition de la figure que nous publions, exposez-la à une forte lumière et regardez le point placé au-dessus du nez du spectre, pendantque vous compterez lentement cinquante, en tenant les yeux aussi immobiles que possible ; après, jetez vos regards sur le plafond ou sur un mur blanc et fixez-les sur un point ; vous verrez alors cette image aussi grande que le modèle apparaître sur le plafond ou sur le mur. Si vous ne distinguez pas de suite, fermez vos yeux deux ou trois fois très rapidement ; ne voyez-vous rien encore, ce qui est rare, fixez de nouveau la figure et regardez ensuite le plafond ou le mur.

"Si la figure est brillamment colorée, le spectroscope offrira plus d'intérêt ; car l'image se reproduira de même, en tenant compte seulement du changement des couleurs. Une figure blanche devient noire, le vert devient rouge, l'orange devient bleu.

"Faites cette expérience la nuit, éclairez vivement votre dessin et fixez vos yeux sur une surface blanche."

Le spectroscope ou comment voir des fantômes grâce à la science. ©

dimanche 27 octobre 2013

Tu es poussière et tu retourneras en bibelots!

L'humour est pour le moins surprenant à la fin du XIXe siècle. Humour et cynisme font en tous cas bon ménage à cette époque. Voici deux perles relevées dans "L'écho de la semaine" de 1895. Dans l'édition du 2 juin, on épingle cette croustillante annonce commerciale extraite d'un journal allemand : "Toute personne qui prouvera que mon tapioca est nuisible à la santé en recevra gratuitement trois boîtes." Diplomatie, finesse, et à propos truffent cette annonce de giclées d'insolence et de bon sens trempé dans l'ironie. Mais l'humour vire au macabre, en cette fin de XIXe siècle.

Der Tod als Würger d'Alfred Rethel (1851)
Le 21 juillet 1895, le même journal relate les recherches du Dr Cooper, un Américain qui veut transformer le corps humain en ustensiles de ménage ainsi qu'en bibelots d'étagère. Explication : "Le singulier inventeur soumet un cadavre à une pression hydraulique considérable. En quelques minutes, le corps se trouve transformé en une pâte très malléable que l'on moule comme on le désire et que l'on fait cuire tout comme s'il s'agissait d'un vase ou d'un pot de fleurs." On n'est ma foi pas si loin de l'optique développée par le superbe film d'anticipation, "Soleil vert" réalisé par Richard Fleischer (lui-même inspiré par le livre de Harry Harrison) : l'utilisation du corps humain comme objet esthétique ou utile. Dans le film de Fleischer, il servait d'aliment, unique ressource dans un monde en décadence et désormais dépourvu de ressources naturelles. La mort est aussi un business... Rien ne se perd, rien ne se crée. ©

vendredi 4 octobre 2013

Le Telephone Hirmondo, le journal parlé par téléphone en 1895

L'équipe qui lit les nouvelles du jour en 1901
Les germes du progrès contemporain se multipliaient déjà à la fin du XIXe, au début duXXe siècle. Le journal parlé existe depuis bien plus longtemps qu'on l'imagine. Le Telephone Hirmondo, créé à Buda-Pesth (orthographe d'antan) en Hongrie, était en réalité un journal parlé qui transmettait à ses abonnés l'actualité politique, littéraire, artistique, commerciales, etc.

Dès 8 heures tapantes, des flots d'information sont déversés dans le cornet du téléphone. Les événements de l'étranger sont d'abord diffusés, puis les nouvelles concernant l'Autriche-Hongrie et la presse locale. Suivent les cours de la Bourse et du marché des grains. L'après-midi, on a droit aux discusions du Reichstag et la soirée est consacrée à la critique dramatique et musicale ainsi qu'à des auditions partielles des théâtres et des salles de concert. Le midi et le soir, deux résumés des faits les plus saillants de la journée sont proposés. La brèche était ouverte : le flux d'informations n'allait dès lors plus pouvoir tarir. ©